J’ai souvent conjugué poèmes & musiques. Voici mes 14 titres préférés, compilés et mis en images, accompagnés des textes.




Je souhaitais que cette petite compilation ramassée, présente une sélection de textes poétiques de différentes natures et factures, convoquant la simplicité basique de Havre de Grâce autant que la sophistication alambiquée de Minautorus Inest. A cette fin, j’ai pioché ici et là dans mon répertoire des quinze dernières années.
Certains textes comme Lagon de rêverie, petite ritournelle ou la brise d’été, 
ont été écrits suivant la structure de l’instrumental.
Plusieurs poèmes sont des sonnets (Mêle-anges, fais-moi ce que tu veux).
Quelques-uns sont extraits de missives (Marine, Auto-psy), de textos (Flâner avec toi), 
voire de publications Facebook (PanthèreS).
A noter que les musiques ont été composées parfois des années après l’écriture des textes (Ophélie).




GRELOTS DU SOIR

L’étoffe opaque de la nuit
reçoit mon torse fier et nu;
la brise douce s’insinue
sur mon visage sans épi..
Les phosphorescences du soir
me chuchotent chaque secret
que mon âm-e voulait savoir
que mon âm-e déjà savait..
C’est la musique du silence
agitant les grelots du soir
la pluie de plumes qui balance
sur le sourire des nuits noires.




LAGON DE REVERIE

Assis quelque part entre le ciel
et la mer qui se pare des lumières du soleil,
je reste là comme hypnotisé
dévoué à l’instant de toute éternité….
Je contemple le vaste horizon
en laissant mon cœur déployer sa chanson:
rêvasser sans se soucier des heures,
ni des tracas, ni des regrets, ni des torpeurs..

Je déambule sur le rivage,
de vastes oiseaux chantent au-delà des sillages;
une déesse surgit d’un vent de sable
me prend par la main pour m’entrainer au loin *°

Ses cheveux dansent dans les volutes
des embruns argentés qui flottent soudain *°
autour de nous comme des anges doux;
mon âme bienheureuse est tout à fait sereine

Chérie, emmène-moi au-delà des lieux 
familiers;
je veux m’habiller de nouvelles couleurs,
me délecter des saveurs
de fascinantes contrées !

Je me suis rêveillé sur la plage
personne ici, ni ailleurs ni autour
seul le silence impérial du soir
esquisse un sourire et glisse vers le jour *¤
Je contemple le doux dégradé
de la ligne rose de l’aurore éveillée
puis je me lève et je marche encore
vers cette voûte immense que j’adore !

Dis-moi,
suis-je destiné à rêver sans fin d’une terre,
Belle promise
N’a-t-elle jamais vraiment
Existé que dans mon cœur
Le cœur de mes pensées.




MARINE

Tes yeux débordent, Marine,
tes yeux débordent
et quand tu m’abordes, Marine,
tu me sabordes et je m’incline..

Ton cœur déborde, Marine,
ton cœur déborde de tes jolis yeux
mais tu tiens bon, Marine
tu tiens bon du mieux que tu peux

Et
 je te regarde
puis 
je te regarde
et je me perds un peu
dans quelques mers agitées;
mais je ne cherche pas terre
je me laisse juste porter,
je m’en remets au vent
de ta valse marée..

Viens me prendre Marine
et je me laisse emporter..




MELE-ANGES

Laisse-moi te laver doucement les cheveux
Voir ton âme glisser, s'assoupir peu à peu,
Et bientôt s'éveiller aux ondes de ta source
Dans un bain exalté de parfums et de mousses

A tes yeux caressants, laisse-moi m'arrimer
Planter l'ancre enlisée, dans l'instant éternel
Dans l'instant frémissant, de cantiques charnels
Je veux me mélanger aux couleurs que tu crées

Laisse-toi t'entraîner, aux abysses d’un rêve
Détrempé à ces nuits aux volutes sans trêve
Que j’aime voir tinter à tes grâces réelles

Offre-moi ce qu’aucune n’a songé à donner
Et reçois sous la lune les archanges d’été
Qui nous hissent éblouis jusqu’à l’ultime ciel




PETITE RITOURNELLE

J'aimerais te rejoindre sur la plage
comme si de rien n'était 
faire silence et marcher avec toi 
sourire timidement 
te chercher du regard
stopper mes pas, enfin
t'embrasser à nouveau

Mais je sais bien qu'au moment même
où je me l'imagine 
un autre hommes a posé 
une fleur d'éternité 
sur tes lèvres apaisées

Alors, je sors de chez moi, 
pour marcher au hasard, 
je longe la forêt
qui frissonne avec moi
je cherche mon chemin
je ne le trouve pas
 
Tu n'es venue danser 
qu'une saison dans ma vie
avant que tes parents 
t'éloignent soudain de moi
 
Et depuis, je ne sais 
plus vraiment marcher droit
 
Pour moi marcher c'était 
en te tenant la main,
c'était déambuler
d'un sourire mutin

J'aimais tant tes parfums
et tes sourires enjoués;
ils ont évaporé
de ma chambre fanée
 
Je porte à mon visage
ce pull que tu mettais
tel un enfant sauvage
avec un coquillage 
contre l'oreille, bercée
par un lointain rivage..

Rien n'était plus radieux, 
intense et merveilleux
que te voir occuper 
ma vie; c'était comme si
je t'attendais depuis toujours, 
que je t'avais toujours connue
et que ta place était ici.

Mais puisque tu es repartie
il me reste les longues nuits,
je te retrouve dans mes rêves
où nous irons flâner de nuit
dans des boutiques japonaises,
dans des cinémas de quartier,
nous danserons dans des marchés
pour amuser la galerie
et puis 

je te rejoindrai sur la plage
comme si de rien n'était,
faire silence et marcher avec toi,
sourire joyeusement, 
te chercher du regard
ainsi que nos enfants,
ton fils tenant ta main,
ma fille tenant la mienne
et chanter à tue-tête
une folle ritournelle..

..petite ritournelle..




HAVRE DE GRACE

Une vaste étendue dépouillée
s’ouvre à mes yeux émerveillés; 
un ange passe et vient s’asseoir 
pour regarder tomber le soir..

Ici un cheval silencieux,
quelques oiseaux aux cris radieux, 
le ciel mélange rose noir et bleu, 
je m’allonge et ferme les yeux..

J’attends que l’énergie se lève,
j’attends que s’irradie la sève
pour lever un soleil 
dans un cœur en sommeil.

J’attends que ma vieille peau s’en aille, 
que fusionne toutes les entrailles, 
j’attends de sentir quelque chose
venir du fond du cœur des choses..




FLANER AVEC TOI
 
J'aimerais habiter dans tes bras, 
flâner dans tes sourires, me baigner dans tes yeux;
pique-niquer sur tes seins.
J'aimerais boire beaucoup et danser avec toi
dans un tourbillon d'ivresses enjouées;
j'aimerais entrer dans des boutiques fantaisistes
et t'entrainer dans d'autres, 
traverser des ponts charmants tamisés
pas des lueurs roses et jaunes, 
contempler des édifices et sentir ta douceur 
se mélanger à celle de la brise.
J'aimerais chanter avec toi des bêtises, 
t'acheter une peluche adorable, 
entrer dans un restaurant mignon 
gorgé de senteurs délicieuses.
J'aimerais sans la moindre raison 
courir dans la rue avec toi 
et rire comme on dévale un escalier;
J'aimerais te voir heureuse, 
car quand tu es heureuse, 
je suis heureux aussi.




FAIS-MOI CE QUE TU VEUX

''Qu'est-ce qui t'excite au lit ? Fais-moi ce que tu veux !''
Quand tu m'as dit ces mots, j'en suis resté sans voix.
Allongée, alanguie, tu me cherchais des yeux
et moi soudain penaud, j'ai gardé tout pour moi..

Dès le premier instant, où ton corps dénudé
s'est révélé à moi, il me fut familier;
j'adorais butiner ton bourgeon de Venus,
tes doigts cherchaient les miens pour sonner l'Angelus

Je voulais savourer d'explorer tout ton fort
Je laissais mijoter, mes rites et tes trésors
pour ancrer plus encore, l'âme de notre histoire

J'aimais quand tu fermais les yeux pour m'enrober
je voulais effacer tous ceux qui t'ont souillé
en irrigant ton corps, jusqu'à t'en émouvoir.





AUTO-PSY

On veut voir grand, beaucoup trop grand
dans des yeux grands comme les tiens,
on se méprend bien trop souvent
pour des moments opportuns

Lorsqu'on croit voir une oasis
on imagine déjà la plage,
nous nous infligeons le supplice
de peindre nous-même nos mirages

Mais dans ces instants de bonheur
c'est notre désert qui s'efface,
un désert sans couleur
sans chaleur et sans grâce

Souvent le désir
n'a rien de mieux que le besoin,
souvent les vampires
ont de grands yeux pareils aux tiens

Sur le coup je m'indigne
mais mes dents m'égratignent :
on oublie un peu vite
les tricheries tacites..

On se relève
la fatigue dans le corps,
de nouveaux rêves
nous traînent à notre sort

Des rêves trop vieux pour être vains
et beaux à pâlir:
souvent les vampires
ont de grands yeux pareils aux miens




LA BRISE D’ETE

La brise douce 
s’est déposée sur moi
comme une main sur mon épaule,
comme une voix,
bienveillante enfin,
comme un ami
sur mon chemin..

L’été chacun 
s’en va dans le matin, 
pour glaner quelques lueurs
et nous reviennent 
ces instants charmants 
où nous étions 
si rayonnants..

Souviens-toi 
les prairies 
si jolies
- tes diadèmes de fleurs -
Je me souviens 
de ta voix;
ton sourire en coin 
et tes yeux merveilleux 
si beaux, si doux..

La brise douce 
caresse mon âme 
comme celle des quidams,
ils errent en vain 
traversés des lumières
de ces petits 
bonheurs d’hier.. 




ESCAPADE

Rappelle-toi 
ma belle amie
lorsque nous marchions 
dans les prairies,
au petit matin, 
près des écuries..
Tu me tenais 
doucement la main 
et tu me souriais;
tu tendais quelques feuillages 
aux chevaux calmes..

Ma chérie, 
je suis retourné 
promener ces si charmants souvenirs..
Une rosée s’est déposée
sur mon cœur 
un peu trop tendre..

Ta bouille de chaton 
est brodée 
comme un beau rubis 
sur mon âme.. 




OPHELIE

Ophélie, fleur rouge élancée, esquisse délicate,
pistils en alerte aux pollens d’éponges,
aux parfums rêvassés
de temples vaporeux,
de voyages à coudre
à l’horizon des songes..




PANTHERES

Je veux me répandre sur toi comme une poutrelle de feu,
propager mon onde sur ton corps alangui..

Panthère de rêverie, je viens frotter mon ventre sur ton écrin de mirage;
les copeaux de mon âme pénètrent tes reliefs,
je suis ton piège à loup décapsulant tes alcools d'ivresse,
je suis l'étoffe lourde qui vient boire à ton étang de nudité;
je t'attrape au cou comme un jeune tigre joueur,
tes mains empoignent mon torse mûr..

Ma peau est à point, tannée par la ferveur de tant d'années de passions;
je veux planter mes orages dans tes perles d'abysse aux mystères pédants,
troubler le reflet dérangeant de tes grands yeux félins..

Tigresse, tu peux lâcher ton râle, je défenestre ta pudeur.
Les parfums de l'amour fermentent dans un ballet de gestes, 
de cantiques éperdus..
Tous mes wagons sauvages viennent claquer sur ta rame;
mes canaux électriques se tendent comme des arcs
et tu me plantes ton haleine jusque dans les tripes..

Tu me décoches tes discours en regards impétueux:
- Achève-moi, que j'absorbe enfin ta matrice ;
crache ton encre-crème à mon sexe carbone !

Tes pupilles débordent de fuel; j'attrape un ange-mateur par les paluches
et je le broie dans ta chevelure qui s'agite soudain comme un nid à serpents;
je casse le diable en deux et je poivre ton corps !
Montre-moi tes dents de hyène échaudée et j'inverse tes pôles,
je te brode à l'épaule un murmure-baiser..

Ma langue mutine câline tes commissures de cuisses,
puis je remonte à tes crocs qui capturent mes lèvres. 
Mon aréole soudain -impaire et passe- devient l’Ostie de messe basse:
je te chuchote à l'oreille tes propres aveux dans l'ascension de la jouissance..

Culmine ma belle, culmine ! 
Je te rejoins soudain dans l'albédo violemment déployé..
Oooh, j'adore l'écho de ton timbre vibrant lorsqu'il va pour découdre 
tout un pendant  de ciel !
Je m'assoupis -relax- bordé par ton aisselle fumante..






MINOTAURUS INEST
-Veneris monumenta-

J’aimerais que tu te postes à nouveau
au sommet de mon lit
le dos apposé contre le mur de mon salon,
quasi-nue.

Un quart de siècle nous sépare en âge,
mais tes yeux francs, intemporels, presque mystiques
m’adressent un familier langage..
Laisse-moi déposer ma joue très doucement
dans le creux de ton cou,
être la plume qui rejoint son nid..

Je suis un enfant, une panthère, une brise d’Eté;
je suis un grand soleil près d’un refuge aux portes de coton..
Ta bouche est une fleur sauvage,
qui parfume mon âme de papillon.
Vois mon aile silencieuse se poser
sur la soie de ton épaule chaude !

Le temps suspendu
infuse mon âme à ta presqu’île;
Mon souffle sur ta peau me grise:
tu es ma vapeur d’absinthe !

Ta chevelure est désormais
un vaste champs moissonné
à mon vexillum externum.

Ton épiderme irradie contre le mien
comme un pain chaud sorti des braises !
Aucun des chats sacrés de l’antique Egypte,
n’a transporté autant de lumière que ta peau :
Hathor, Isis et Rê se sourient et se taisent
lorsque je te caresse.
Tes deux pyramides sont des flacons de rivages.
Fais-moi boire de ton lait; enfante ma déraison !

Mes griffes de faucon ratissent ta nuque;
je porte mes dents à ton cou,
je mordille ta chair tel un vampire avide..
Je suis ton Minotaure, ton Lucifer, ton Dracula !

Mes doigts délicats viennent broder d’audaces
un incertain langage à même tes seins..

Des alcools de prune et de poire coulent à présent de tes tétons;
je t’attrape au cou, tel un canidé, pour te tirer lentement vers moi;
je sens tes fioles d’effluves infiltrer mon cœur;
Ta bouche capture la mienne comme une proie fébrile.

Tes bactéries s’engouffrent dans mon sang, restaurent ma matrice..
Je vois des gouttelettes d’eau fines
bouillir sur ta peau
puis s’évaporer au diapason de tes soupirs..

Tes aréoles crantées pénètrent souplement mon torse.
C’est alors que le grand mât du Drakkar se lève
et tu l’absorbes sans tarder tout entier en toi,
dans ta forêt d’éponges.

Ta rosée coule déjà du septième ciel convoité.
La chambre se tapisse d’un rouge-violacé..
Je sens ton odeur animale qui s’abat comme une tempête:
tu plantes tes yeux intenses
tel des ancres dans l’océan de mon âme.

Je me retourne tout entier sur toi,
ragaillardi par ton puissant courant.
Ta bouche carmin
a faim
de recevoir l’écume de ma lèvre..

Je t’ensevelis d’une vague puissante
et j’engouffre encore davantage
ma corne de Minotaure
dans le tréfond de ton corps.

Voici l’offrande de nacre:
de multiples orages tonnent dans ta chair
Tu tressailles d’accueillir dans ton caveau
ma liqueur de perle..

L’onde de choc de ma queue
se prolonge tel un écho parmi tes dunes.
Tu m’enfonces tes ongles dans le dos si profondément
que je sens distinctement ton nom se graver sur mes os.

Je plante à mon tour mes dents dans ta jugulaire
tandis que tes canines percent mon épaule.
Je m’abreuve, tu me bois,
nous nous embrassons follement
pour partager ce vin de messe.

Je ramasse au sol des caillots de raisin
et je les porte à ta petite gueule affamée.
Tu les dévores en me dévisageant.
Ta bouche coule infiniment
jusque dans ton nombril
et abreuve les petits papillons
qui palpitent dans ton ventre.

Le coutelas divin de ton sourire en coin
me suggère un sacrifice à venir
Tu t’éclipses dans la salle d’eau
et déjà tu m’inspires
de vilaines rêveries..
Relevant une pièce d’étoffe
trop ajustée à tes hanches
tu me laisses entrevoir
l’arrogante colline hirsute.

M’empoignant le vit en me fixant des yeux,
tu veux me voir céder à proférer
mes ordres rabaissants.
Ta bouche lascive de succube
réclame la lie de mon calice !
Ta main est un nid à serpents;
elle me caresse et me compresse
pour que je crache enfin
tous mes mots volcaniques.

Tu m’engloutis de ta gueule de fauve
pour m’assassiner de plaisir.
Des torrents hypnotiques se répandent en moi,
tandis que tu bois toute ma fontaine.
Démon repu, tu m’adresses un sourire.

Je suis une comète
dans la galaxie de tes yeux fauves.
Aucunement je n’ai la beauté d’Artemis,
mais je peux être un grand forgeron de volupté !

Fais de moi le gardien secret de tes moiteurs,
l’arboriste de ton plus secret jardin..
Je l’avoue, je suis parfois jaloux des visiteurs
que tu salues de ton candide balcon.
Tous ces mirages, si laborieux, sont autant de déserts..
Et si chaque homme est fait de sable,
je serai ton désert de Mojave,
ton Dasht-e-lout, ta Kébili.
Je serai le Queensland bouillant
au milieu des montagnes de feu.

Mon orgueil est un empire suintant,
et tu le sais toi qui réapparais
dans une robe andrinople..
De ton dos je m’approche;
tes ourlets, déjà, se pourfendent de flammèches..
Je veux sédimenter encore à ton épaule;
j’entrevois tes doux seins dans l’écorchure de ta robe;
ta bretelle s’affaisse ainsi que ta chute de reins;
soudain, le bas de ta robe s’enflamme
Tes doigts fraîchement vernis
soulèvent avec une insolente lenteur
le tissu embrasé !

Le bas de ton dos est désormais tatoué
d’obscurs hiéroglyphes;
«Sois indécent» chuchotes-tu.
J’ai besoin de lécher ta petite béance,
comme un chien des enfers !

Tes canines d’orque scintillent dans le miroir;
Tu lèves un bras au ciel;
tes doigts gracieux s’éventaillent et s’enroulent
tandis que la chambre prend feu.
Je pointe à mon tour vers le ciel un index
qui se change en verge féconde;
et tandis que les parois de ton éminence charnue
s’abandonnent à mon autorité,
j’enfonce un doigt séminal à ton nombril..

Des Jigokubana naissent soudain dans tes cheveux;
une nuée de papillons pourpres et ocres
comme sortie des enfers,
vient butiner chacune de tes mèches,
éteignant les feux alentours
de battements d’ailes..

Des abeilles rouge-ponceau surgissent à leur tour.
Tu étires ta langue en récupère de tes doigts un étrange miel
que tu portes aussitôt à mes lèvres, à mes seins;
de mon gland jusqu’au galbé séant.

Tu n’aimes rien tant que me sentir palpiter dans ta bouche;
tu me dégustes infiniment, tandis que des plumes d’ange
tombent très lentement sur nous comme une fine pluie;
tandis que des sirènes au lointain
nous chantent leurs plus doux sortilèges..

Sois mon alcool, mon brasier, ma folie,
sois ma déesse et ma putain,
Sois le petit matin des longues nuits.

Le soleil s’attarde sur mon torse
lorsque tu le caresses.
Je veux te voir tournoyer en riant
dans des champs de coquelicots mutants.

Sidère-moi;
écorche-moi de souvenirs violents !

Fais de moi le buvard de ta cyprine et de ta lave,
de ton urine et de ta bave.
Baise-moi comme si j’allais crever demain.
Je veux mourir et ressusciter dans tes bras..
Je veux tes hanches et tes pieds dans ma bouche,
ton cul sur ma gueule et ma queue dans ta main.
L’un dans l’autre, je veux nous mélanger
encore et toujours !

Je veux tes mamelons sauvages, ta peau soyeuse,
tes épaules et ton cou..
Je veux surtout tes yeux cosmiques au fond des miens
tes cuisses et ton pubis amarrés à ma taille,
quand je viendrai cent fois sur toi pour te donner mon âme !

Je rêvasse, je me languis, je me dilue..
Entends-moi s’il te plait, rejoins-moi !
Viens contre mon épaule et contemplons
les derniers instants de ce monde-ci !
Je veux me noyer sans fin dans des étreintes folles;
je veux brûler d’ivresses, célébrer le feu qui me porte
et qui m’emportera jusqu’à l’ultime crémation !